Sportifs et artistes : pas de retour à l’envoyeur….

Les artistes et les sportifs sont sous les regards. C’est même le principe du spectacle ! Il arrive que les spectateurs interagissent avec les acteurs, artistes ou sportifs, lors de certaines phases du concert ou du match. Mais dans certains cas, se considérant comme agressés ou plus simplement en colère, certains sportifs ou chanteurs réagissent violemment face à certains individus.

Ainsi, lors d’un match de L2, suite à des jets de fumigènes sur la pelouse, des joueurs de l’équipe locale ont réagi en relançant vers le public les engins pyrotechniques. Comme le relatent l’Équipe et la Dépêche, ces actes ont eu des conséquences. Le match n’a pas pu aller à son terme et les spectateurs auteurs des agissements « dangereux et irresponsables », ont vu leur abonnement annulé et leurs identités transmises aux autorités policières.

Ce qui est à noter dans ce cas est la mise à pied à titre conservatoire de quatre joueurs de Troyes. En relançant les fumigènes vers les tribunes, ce « retour aux envoyeurs » a été considéré comme potentiellement dangereux par leur employeur dans l’exercice de leur profession. En effet, si la colère des joueurs est compréhensible, leur réaction ne peut pas être considérée comme étant en état de légitime défense, qui légalement suppose 5 conditions :

• L’attaque doit être injustifiée, c’est-à-dire sans motif valable
• La défense doit se faire pour soi ou pour une autre personne
• La défense doit être immédiate
• La défense doit être nécessaire à sa protection, c’est-à-dire que la seule solution est la riposte
• La défense doit être proportionnelle, c’est-à-dire égale à la gravité de l’attaque.

Dans le cas présent, il ne semble pas que cela puisse être le cas, d’où la réaction de l’employeur, dont on verra les suites éventuelles.

Ce cas rappelle celui resté célèbre du Kung Fu Cantona en 1995. Comme le relate une vidéo DailyMotion, le joueur -exclu du match- avait été invectivé par un spectateur descendu en bord de tribune. Cantona avait alors franchi la barrière pelouse/public et frappé le spectateur. Suspendu jusqu’à la fin de saison par son club (et 8 mois par la ligue), il avait écopé de 15 jours de prison pour agression ; il en fera une, finalement libéré sous caution. Le spectateur, proche de groupes nazis, sera lui aussi condamné pour « incitation à la haine » comme le raconte So Foot.

Dans un autre registre, la chanteuse Cardi-B, aspergée par un fan enthousiaste, avait réagi en lançant violemment… son micro sur le public. Sans suite dans ce cas.

Dans le cas Cantona, comme l’avait écrit son entraineur Sir Alex Ferguson, « Si Cantona a eu tort, il a également des circonstances atténuantes. Il a été insulté de manière inqualifiable et il a réagi de manière instinctive ». Il n’en reste pas moins que les acteurs du spectacle ne doivent pas sortir du cadre légal et générer éventuellement des troubles supplémentaires par leurs réactions. C’est de leur responsabilité, même si parfois ce contrôle est difficile… C’est vrai des sportifs et artistes comme de tous les professionnels qui produisent le spectacle et en assurent la sécurité.

Le lien vers l’article de l’Equipe sur la mise à pied des joueurs de Troyes

Le lien vers la Dépêche sur le même cas

L’article de Ouest France sur les mesures de l’Estac sur ses spectateurs 

Le lien vers un compte rendu du KungFu Cantona de 1995

Le lien vers un article très complet de Sofoot 24 ans après 

Un article sur la réaction de Cardi-B en concert :